Le gui,mystérieux «demi-parasite» (Décembre 2007)

On pourrait vous entretenir du roi des forêts, le beau sapin de Noël, mais vu les prix des Nordmann, on ne va pas se fâcher. Parlons plutôt d’un autre habitué des fêtes de fin d’année: le gui. Cette plante un peu particulière, connue des uns comme l’ingrédient essentiel de la potion magique du druide Panoramix, et des autres pour s’être embrassés langoureusement le jour de l’an sous ses branchettes verdâtres en se souhaitant la «bonne et heureuse». Par contre, certains l’ont en horreur parce qu’elle suce tel un vampire la sève des branches de leurs pommiers ou autres protégés. Car ce coquin de gui est une sorte de demi-parasite: il se comporte comme un pénible de goujat, pompant sélectivement l’eau et les sels minéraux de son hôte, tout en produisant lui-même sa propre chlorophylle! Un peu comme s’il s’invitait à manger et qu’il déballait son lunch après la soupe tout en restant à table. Bon, au début, le petit ne fait pas trop de dégâts. Il peut même vivre sans embêter personne pendant un an ou deux, mais au fur et à mesure que la colonie qui l’accompagne s’agrandit, ses suçoirs bien ancrés dans le bois, il commence à sérieusement porter préjudice à l’arbre. Il l’affaiblit tellement qu’il peut en succomber. Il ne reste donc plus que ces boules vertes caractéristiques accrochées à la silhouette décharnée du mourant. De vrais fantômes symbolisant l’immortalité! Les Celtes et bien d’autres ont longtemps vénéré ses curieuses vertus curatives. On l’utilise encore de nos jours en phytothérapie pour soigner l’hypertension et la nervosité.

Houx, le beau des sous-bois (Décembre 2007)

Au plus profond de l’hiver, lorsque la forêt frissonne à chaque coup de vent, quelques arbustes bien habillés de belles feuilles vert foncé font encore les malins dans les sous-bois. Hélas, il n’en reste plus beaucoup à l’état sauvage, mais suffisamment pour qu’ils se fassent remarquer. C’est vrai qu’ils piquent volontiers les fesses des bûcherons et des champignonneurs, mais bon, ils ne sont pas bien méchants et ne concurrencent en aucun cas les grands arbres. Peut-être les a-t-on surexploités pour leurs magnifiques baies rouges écarlates? Il faut probablement chercher la vérité de ce côté-ci. Pourtant, Dieu sait s’il faudrait les protéger, car pour tous les chrétiens, le houx est le symbole de Noël et de l’immortalité. Ce héros végétal a en effet offert sa protection à la Sainte Famille lors de sa fuite vers l’Egypte. A l’approche d’une troupe de soldats, Marie, Joseph et l’enfant Jésus s’étaient dissimulés dans son épais feuillage et ont ainsi échappé au pire. Sa famille sauvée, Marie bénit ce buisson et souhaita que sa verdure persiste. Ce qui fut fait. Depuis, ses branches coriaces sont utilisées pour la décoration durant les fêtes de Noël. Alors de grâce, ne les coupez plus sauvagement en forêt, mais allez vous servir chez votre fleuriste ou votre jardinerie.

Suivez les étoiles de Noël (Décembre 2007)

Ça y est! La première bougie danse sur la couronne et le décompte du calendrier de l’Avent a débuté. Cette magnifique période festive éclaire les rues et les vitrines de mille lumières durant les longues nuits de décembre. Heureusement, parce qu’ailleurs il fait bien sombre. Mais la nature est bien faite, car c’est aussi grâce à cette luminosité réduite qu’une plante se plaît à fleurir depuis quelques semaines: le poinsettia, aussi appelé étoile de Noël. On en voit partout, sublime avec cette exubérance flamboyante, on a de la peine à croire qu’elle ne s’est pas maquillée… En fait si, la coquine s’est vraiment maquillée! Vous croyiez sans doute voir des pétales écarlates démesurés? Tout faux, ce sont des feuilles transformées pour l’occasion en organe d’attraction. Autrement dit, ce sont des bractées colorées qui se développent juste en dessous des véritables fleurs, qui elles sont bien plus discrètes. Aguicheuse, elle oriente ainsi les insectes paresseux vers ses organes reproducteurs. Sachez enfin que les botanistes ne s’y sont pas trompés en la nommant Euphorbia pulcherrima, «pulcherrima » signifiant «la plus belle». Caramba!